Donner plus de poids au citoyen dans la vie publique, on en parle depuis les années 70 et Internet facilite les choses. Pascale Zarate, spécialiste des systèmes d’aide à la décision, teste des outils innovants qui pourraient être utilisés à grande échelle.
15 juin 2017
Comment un groupe peut-il coopérer efficacement pour prendre des décisions ? Tel est le sujet central des recherches de Pascale Zarate. La chercheuse, membre de l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse, a réalisé sa thèse de doctorat sur la planification des repos des personnels navigants d’une grande compagnie aérienne, en introduisant un nouveau concept de décision de groupe à l’issue d’un processus coopératif. Elle encadre les travaux de plusieurs thésards sur ces sujets et développe avec l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier une plateforme modulaire à laquelle contribuent les jeunes chercheurs.
« La première étape consiste en un brainstorming animé par un facilitateur, au cours duquel chaque participant émet des idées quant aux critères à prendre en compte dans la décision», explique-t-elle. Dans le cadre d’un recrutement, il peut s’agir par exemple des compétences exigées du candidat. Au cours d’une deuxième étape appelée « clustering », le facilitateur fait le point sur les critères évoqués, qui doivent être autant que possible synthétisés et collectivement approuvés. Chacun des participants doit alors indiquer sur son ordinateur, de manière anonyme, et éventuellement à distance, l’importance quantitative qu’il donne à chacun de ces critères. L’outil informatique permet d’agréger les résultats. Le facilitateur dévoile les coefficients moyens accordés à chaque critère par le groupe lors d’une dernière séance collective. Il peut proposer une nouvelle discussion en cas de désaccord.
« Cette rationalisation des processus de décisions favorise ce que l’on appelle la e-democratie. Permettant à tous les citoyens de participer, elle répond à de réels enjeux sociétaux », affirme Pascale Zarate.
Imaginé pour l’heure comme un outil destiné aux conseils d’administration qui comprennent un nombre de participants restreint, ce système pourrait à l’avenir se déployer à plus grande échelle. « On pourrait imaginer que chacun exprime ses choix devant son ordinateur, avant des temps de regroupement ultérieur », indique Pascale Zarate. « Grâce à ces processus de rendus progressifs, on gère la décision comme un projet au sein d’une entreprise, avec une meilleure implication des citoyens. Ces derniers ne se sentent pas mis devant un fait accompli, ce qui garantit une meilleure acceptation des décisions ».
Toulouse compte une communauté de chercheurs en pointe dans le domains de l’aide à la décision et Pascale Zarate organise du 27 juin au 4 juillet prochains une université d’été sur le sujet.